On a tant parlé de La Disparition de Josef Mengele, ce prix Renaudot que j’ai longtemps rechigné à lire ! Aujourd’hui c’est chose faite. Mais si le roman d’Olivier Guez n’a plus de secret pour moi, il a soulevé bien des questions. Récit.
Vus et revus, les romans abordant le sujet ô combien sensible de la Seconde guerre Mondiale et des crimes contre l’humanité. Rien qu’ici, je vous parlais en septembre dernier du roman d’Affinity K. sur le laboratoire de Mengele ; Mischling. Dans cette logique, je ne me suis pas précipitée pour lire le roman phare de la dernière rentrée littéraire : La Disparition de Josef Mengele.
Et j’ai eu tort. Olivier Guez apporte une nouvelle pierre à l’édifice. Dans un court roman tout en fluidité, il parvient à raconter la fuite du criminel de guerre le plus recherché de l’histoire contemporaine. Son errance en Europe les premières années après la guerre, sa fuite en Argentine, l’accueil fait aux nazis par le régime de Perón, la bienveillance du gouvernement paraguayen à leur égard, et les missions du Mossad pour les capturer et les juger en Israël.
Pendant 30 longues années, ce monstre survit sans être puni pour ses crimes. Mon incrédulité grandissait au fil des pages et des changements de planque du monstre d’Auschwitz.
Olivier Guez romance une histoire vraie, celle d’une cavale hors du commun. Se glissant dans l’esprit de Josef Mengele, il met en lumière l’égoïsme et l’égocentrisme d’un homme qui n’avait rien d’humain tout autant qu’il braque les projecteurs sur la corruption des gouvernements et des hommes. Car il a bien fallu l’aider à se cacher pendant 3 longues décennies. Politiques et fanatiques étaient trop heureux et fiers d’aider une telle figure nazie.
C’est peut-être cet aspect-là de l’histoire qui m’a le plus choqué. Alors que l’humanité pensait en avoir fini avec l’horreur, à l’heure des procès de Nuremberg, le nouveau monde accueillait à bras ouverts les anges destructeurs du vieux continent. Combien sont passés entre les mailles du filet ? Combien ont bâti des fortunes sur les cendres de la guerre et n’ont jamais été punis ? Ces chefs d’entreprise qui achetaient les cheveux venus des camps pour en faire des objets du quotidien, comment croire qu’ils ne savaient pas ? J’aurais aimé qu’Olivier Guez développe un peu plus ce sujet. Dénonce tous ceux à qui les crimes ont profité. Sans concession.
La Disparition de Josef Mengele, synopsis.
1949 : Josef Mengele arrive en Argentine. Caché derrière divers pseudonymes, l’ancien médecin tortionnaire à Auschwitz croit pouvoir s’inventer une nouvelle vie à Buenos Aires. L’Argentine de Perón est bienveillante, le monde entier veut oublier les crimes nazis. Mais la traque reprend et le médecin SS doit s’enfuir au Paraguay puis au Brésil. Son errance de planque en planque, déguisé et rongé par l’angoisse, ne connaîtra plus de répit… jusqu’à sa mort mystérieuse sur une plage en 1979.
Mais la question qui ronge les esprits est de savoir comment le médecin SS a-t-il pu passer entre les mailles du filet, trente ans durant ?
La boîte à infos.
- La Disparition de Josef Mengele, d’Olivier Guez (2017).
- Roman paru aux Éditions Grasset.
- 240 pages / 18,50 euros.
- Lauréat du prix Renaudot 2017.
- Le + : La découverte de réseaux nazis et pro-nazis en Amérique après la guerre. Le choc d’une réalité souvent édulcorée dans les livres d’Histoire.
- Le – : L’absence de photos ? Certains sujets mériteraient un livre à part entière.
Quels livres sur le sujet conseilleriez-vous pour aller plus loin ? Et qu’avez-vous pensé de ce roman ?
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