Avec Les chemins de la haine, Eva Dolan signe un premier roman noir au coeur duquel résonne une triste actualité. Sans être réellement convaincue, Les chemins de la haine mérite pourtant qu’on s’y arrête. Récit.
Peu convaincue par le style de l’auteure dès les premières pages, c’est la résonance avec l’actualité qui a fini de forger mon opinion sur ce polar anglais. Eva Dolan fait le choix d’exposer les fonds peu reluisants de l’économie britannique, de mettre au jour les conditions de vie de milliers d’émigrés venus survivre dans les banlieues grises de grandes métropoles anglaises.
Cette réalité sociale a vite fait de me couper dans mon élan. Eva Dolan écrit ce que je fuis avec la lecture : le quotidien. Le vrai visage des Hommes. C’est pour cette raison qu’il m’est très difficile de juger ce roman. Si je sais pertinemment les raisons de mon manque d’engouement pour Les chemins de la haine, je ne peux que reconnaître le talent de la romancière anglaise à le traiter. Notamment par ses deux personnages principaux ; les inspecteurs Zigic et Ferreira.
Fils et fille d’émigrés, tous deux représentent un pont entre ces travailleurs étrangers et ceux qui les exploitent. À cheval entre deux camps, deux cultures, les policiers mettent en lumières les incohérences d’une pensée raciste, d’une économie libérale qui broie les plus faibles et laisse peu de place au rêve.
Si le sujet fait froid dans le dos de par son réalisme, Les chemins de la haine est un roman témoin de son temps et incroyablement intelligent. Seul bémol ; la traduction française du titre laisse supposer un polar bas de gamme desservi par une couverture hideuse. Le titre original, Long Way Home, représente bien plus justement le fond de ce roman.
Eva Dolan, le synopsis de son roman.
Pas de corps reconnaissable, pas d’empreintes, pas de témoin. L’homme brûlé vif dans l’abri de jardin des Barlow est difficilement identifiable. Pourtant la police parvient assez vite à une conclusion : il s’agit d’un travailleur immigré estonien, Jaan Stepulov.
Ils sont nombreux à Peterborough, ceux qui arrivent des pays des l’Est, et de plus loin encore, à la recherche d’une vie meilleure. Et nombreux ceux qui voudraient s’en débarrasser. Les deux policiers qui enquêtent sur le meurtre, Zigic et sa partenaire Ferreira, ne l’ignorent pas.
N’éliminant aucune piste, le duo pénètre dans un monde parallèle à la périphérie de cette ville sinistrée par la crise économique, là où les vies humaines ont moins de valeur que les matériaux utilisés sur les chantiers de construction. Là où tous les chemins peuvent mener au crime de haine.
La boîte à infos.
- Long way home, Eva Dolan (2014).
- Roman traduit de l’anglais par Lise Garond avec le concours du Centre national du livre.
- Les chemins de la haine a paru aux Éditions Liana Levi en janvier 2018.
- 448 pages / 22 euros.
- Le + : Une intrigue encrée dans la réalité.
- Le – : Une intrigue trop encrée dans l’actualité.
- Couverture de D. Hoch. Photo: © Sebastian Ritter.
Et vous, que pensez-vous de ces romans dits « sociaux » ?
J’ai lu Les chemins de la haine en tant que jurée du Prix des lectrices Elle.
J’avoue que les romans soit du quotidien soit de la vie réelle de personnes d’autres cultures (route des migrants, témoignage du racisme et bien d’autres exemples) m’attirent assez car ils me permettent de comprendre l’autre. Ceci dit je n’en lis pas à la longue, ni trop d’affilée sinon gare à la déprime. J’alterne avec des polars, de l’humour, du fantastique…
Rien de pire pour se saper le moral que d’enchaîner ce genre de romans…